[] Archimia

28/04/2009

Invitation

Ce serait un jour de vacances,
On aurait le temps sans importance.
Le ciel serait gris, mais il ne ferait pas froid.
On approcherait du port de plaisance,
On passerait par l'herbe,
Et on grimperait dans les bateaux.
On ne choisirais pas le premier.
Non. Trop simple.
On traverserait de quai en quai,
De bateau en bateau,
Jusqu'à ce qu'on parvienne,
A celui qui convienne.
Il ne pleuvrait pas.
Doucement, on dénouerait les cordes,
Unes à unes.
On les rangerait sur le pont,
Bien en rond.
Alors seulement, je remarquerais le bruit du moteur,
Qu'on pousse un peu, le temps,
De mettre le tout en mouvement.
Il y aurait des pêcheurs,
Qui nous salueraient.
Lentement, le bateau se mettrait en branle,
Et au fur et à mesure, je pousserais les gaz,
Droit devant,
Pile au Nord,
Je remonterais vers la Belgique,
Puis vers les Pays-Bas,
Là où les éoliennes poussent comme des moulins,
Au pays des dunes et des polders,
Là où la terre se dérobe,
Pays de sables et de vents,

Rouges tulipes et blonds enfants.
On irait loin,
On serait bien.





25/04/2009

Quand Archie fait bosser les autres

Je voudrais vous montrer le travail que j'ai mené avec un groupe de gosses de CM2. Ils participent à un projet sur le patrimoine de leur ville (ça s'appelle un PAG : projet artistique globalisé, dans le jargon éducation nationale). Ils ont donc fait de nombreuses visites avec leur maître, puis sont allés prendre des photos avec un photographe professionnel (mais bien sûr, ce sont les élèves qui ont pris les photos). Le thème retenu était : "le patrimoine au fil de l'eau".

Moi, je ne suis intervenu qu'à ce moment là. Avec les élèves, je m'occupais de la suite à donner à leurs photos. Choisir parmi plus de 300 photos, les recadrer, les travailler (teintes, éclairage, contraste, déformations ou effets spéciaux) en vue de montrer tel ou tel point précis.
Mais ce sont eux qui bossent, bien sûr, moi je ne suis là que pour assurer le côté technique du logiciel de traitement d'images ...

C'est un vrai travail. D'abord leur apprendre à comprendre ce que cherche à montrer une image, même (et surtout), lorsque ça n'est pas dit, ensuite imaginer la façon dont on va s'y prendre pour montrer ce que l'on désire.
C'est très intéressant ce travail sur l'image, avec des enfants de dix ans, qui en consomment énormément.
Alors voila, je vous laisse à la découverte de leur travail. J'en ai sélectionné douze sur une trentaine (tout n'est pas encore terminé). Elles seront exposées à la vitrine du Conseil Général du chef-lieu ... Wouah ! quelle promotion !




23/04/2009

Vivant

Ce matin, je te propose, Ô lecteur(rice) préféré(e), une petite expérience impressionniste facile à réaliser "in situ" ...
Comme d'habitude, avant de t'embarquer, pense à pousser le son ...


Tout d'abord, il te faut un prétexte,
Choisis n'importe quoi : les champignons, les glands,
Ou marre de la tondeuse du voisin,
N'importe quoi, même si tu n'y connais rien,
On ne peut quand même pas partir promener le matin,
Comme ça, sans bonne raison ...

Très tôt déjà, tu te seras mis en tête,
Une bonne musique, un de ces vieux airs,
Qui te rappelle de bons souvenirs,
Et que tu tourneras en boucle toute la matinée,
Tu feras une grand marche dans les bois,
Seul(e), de préférence,
Tu marcheras sans compter, sans ménager ta peine,
Enjambant des fossés, faisant craquer les branches,
Ecoutant chanter les oiseaux et frissonner le vent dans les arbres,
Alors bientôt tu sentiras monter la fatigue,
Avec, toujours, dans ta tête cette musique lancinante.

Au retour, tu parviendras jusqu'à une clairière.
C'est en bordure que tu te poseras.
Oh ! Pas n'importe comment, non. Bien allongé(e),
Tu veilleras à t'installer confortablement,
Tu ouvriras alors les yeux vers le ciel et les frondaisons,
Et tu resteras là le temps qu'il te faut,
Cette musique collante et hachée te rapant doucement le cerveau,
Alors, tu sentiras le vent sur ton visage,
Et les feuilles mortes au sol dans tes mains,
Tu iras ainsi jusqu'à la limite de l'endormissement,
Tu verras : ça vient très vite.
Et puis, n'y tenant plus, à regret, tu te relèveras,
Tu fixeras les arbres,
Lentement, longuement,
Jusqu'à entrer en eux,
Et tu découvriras à quel point,
Ils sont vivants.



En ville

Où il fait bon aussi,
Se promener en ville,
Le nez au vent, à la billebaude,
Et goûter aux inépuisables facéties de la réflexion,

Le cœur léger, l'âme printanière,
Sans prétention,
Aucune.



22/04/2009

Trésors

En balade à vélo, j'ai rapporté,
Tout un sac de trésors bien cachés :
Un petit matin ensoleillé,
Pour achever de se réveiller,
Un longue côte à descendre,
Puis à remonter,
Un petit chemin en bordure de Meuse,
Pour se faire rêver,
Et, tout au bout d'une allée,
Le château tout ensommeillé,
D'une belle au bois dormant,
Silencieux et désert.
Le chat, seul, a bien voulu me saluer,
Enchanteur enchanté,
Par la porte grande ouverte,
Mais de la belle,
Pas de nouvelle ...


20/04/2009

Crépusculaire

Et, avec le jour qui tombe,
Monte la brume sur les prés.
C'est l'heure où le rosier déchire,
Le voile de ciel qui nous sépare de la nuit.
Demain, le soleil reviendra,
Et la rosée perlera,
Comme tous les matins du monde,
Mais d'ici là, ce soir
Sombre entre chants de crapauds,
et vols de chauves-souris :

Délicate, la nuit nous saisit,
Entre ses doigts fins,
Tragique instant magique,
Où animaux et humains,
Ne savent plus bien,
Lequel des deux doit toucher l'autre,
Pour savoir s'il est réel ou non ...




18/04/2009

Une seconde avant de fermer



Vacance depuis hier soir dix-huit heures.
Vacance de l'esprit plus qu'esprit de vacance
Nez à nez avec le silence,
Dans un sanctuaire dédié au bruit, au rire et au jeu :
Donc à l'enfance.
A mesure que le soir tombe et que la pluie le couvre,
Je me force à ne plus voir ces dizaines de visages,
A ne plus entendre les fous rires et les crises de larmes,
A ne plus écouter chanter les sirènes de la misère,
A ne plus chercher à deviner ce qui se cache derrière
Ces non-dits, ces phrases à demi finies et ces regards inquiets.
Au silence s'ajoute la solitude du lieu,
On se sent capitaine d'un vaisseau qui sombre,
C'est là que je me pose ces deux questions
Ridicules et déplacées :
Le quotidien est-il un art de vivre ?
Sinon pourquoi ferions-nous cela ?

Alors, comme si je ne voulais pas dire tout haut la réponse,
Je souris, je ferme la porte,
Et je rentre chez moi.

17/04/2009

Croûte

C'est en mars 2001 que j'étais revenu ici faire cette toile représentant "l'étrange vallon de Beauregard".

Beauregard. Drôle de nom pour un drôle d'endroit.
Un hameau presque inhabité (trois ou quatre maisons, et encore des résidences secondaires, pour la plupart), des autres maisons en ruine, recolonisées par les fougères, une route qui s'arrête là, en haut d'un vallon.

Et puis : la forêt.
A peine si l'on distingue en bas le cours d'un ruisseau qui traverse gaiement une grande prairie plate, puis longe l'ancien moulin ruiné, avant de poursuivre dans les bois ...

Je me rappelle aussi le froid.
Vissé au milieu d'un champ labouré surplombant, heureux de rester assis sur mon petit tabouret pendant des heures, à mélanger les huiles, les doigts engourdis sur la palette, bleu de froid, mais hilare de cette légèreté que seule la peinture sait me procurer. La peinture, pâteuse, s'étalant doucement sur la toile, comme la lave le long d'un cratère ...

Qu'est-il arrivé ici ? Ce petit hameau était actif avant 1914. J'ai même soupçonné un bâtiment qui pouvait être une école : c'est dire qu'il y avait des familles. Une bonne partie du hameau a disparu, semble-t-il, juste avant la première guerre, à cause d'un incendie accidentel. Le hameau ne s'en est jamais remis ...

 



A l'époque, à propos de cet endroit, j'écrivais ce texte :

"Ce petit vallon, est un mystère à lui tout seul ...
Quelques maisons isolées, d'autres abandonnées
Se laissent aller à disparaître sous les attaques de la Nature.
On ferme les yeux, on respire
Et on sent que tout un hameau vivait là...
… Une vie simple, en harmonie avec la forêt .
Quelle est l'histoire de cet endroit ?
Qu'est-ce qui lui donne cet air solennel, cette gravité ?

Le dimanche, au loin,
Résonnent les cloches des églises environnantes :
Le temps a disparu.
On est bien ."


Finalement, huit ans plus tard, rien n'a changé.
Et je me demande bien pourquoi,
J'ai envie de vous parler de cet endroit là ce matin ...

16/04/2009

Piège

Fine comme une voile au vent, la grande muraille s'échine,
A résister au temps, à le mettre en sourdine,
Par la fenêtre, rageant, on l'entend qui piétine,
Il se voit l'écrasant, le néant imagine.

Mais la fenêtre tient bon et tout en l'observant,
On croirait un reflet, ou un parfum d'antan.

La musique que j'entends, c'est celle de la cuisine,
Et par le trou béant que la grâce concubine,
Une senteur délicate me chatouille la narine,
Plus je me sens gourmand, plus l'odeur est divine,
Le chef du restaurant est la fée Mélusine,
Alors je redescends mais mon estomac fulmine :
Et je m'en vais, rentrant, me faire deux-trois tartines ...




15/04/2009

Réflexion

Un peu de silence sur nos images,
Juste le temps de la réflexion.




14/04/2009

Petits trésors de la forêt



De ma petite virée d'hier, en forêt,
J'ai ramené deux trésors,
L'un pour les yeux,
Petite merveille de géomètrie structurelle,
On s'en servait gamin, pour faire semblant de fumer,
C'est la tige de la clématite sauvage,
Qui fait des lianes dans la forêt,
Elle est légère, très résistante,
Elle est pleine de vide ou de creux,
Un vrai tuyau, pour envoyer la sève,
Jusqu'en haut ...

L'autre trésor c'est pour la bouche,
Dame morille sur le chemin,
Champignon exquis et recherché,
Finira en fricassée,
Dans ma poêle toute beurrée.
Et il en faut, des kilomètres,
Des surveillances, des attentions,
Ecarquiller des lunettes,
Donner des petits coups d'bâton,
Pour pouvoir remplir sa musette,
Et revenir tout fanfaron ...




13/04/2009

Le bonheur est dans le pré

Le printemps, c'est ça aussi.
C'est ça d'abord, ajouterais-je.
Une irrésistible envie de se rouler par terre, dans l'herbe,

Des odeurs de trèfle et de foin emmêlées,
Et la tête à l'envers penchée vers le ciel bleu :
Le chemin des pêcheurs serpente au bord de l'eau,
Les haies d'épines en fleur sur fond de chant d'oiseaux...

Je le regarde et dois le reconnaître,
Je l'envie.
Nous, si souvent emprisonnés dans ce carcan de pudeur,
Incapables de laisser nos angoisses ou nos tourments,
Pour quelques instants.
Alors que les enfants savent faire ça si facilement.
Alors oui, je le regarde et je l'envie,
"Cours-y vite !" dirait Paul Fort,
Regarde cette insouciance, ce pied-de-nez à la mort !





Doucement, je m'éloigne,
Avec à mes lèvres, une idée de regret,
L'impression d'avoir perdu dans ce pré,
Quelque chose de précieux,
Lui s'en fiche, et continue de se rouler,
Tellement heureux qu'il ne m'a même pas vu passer.

12/04/2009

Belles excentriques

Dicentras dans mon jardin,
Plus connues sous le nom de Coeurs de Marie.
Bon.
Parler de coeurs de Marie, un jour de Pâques,
Quand on est athée, pourrait passer pour de la provocation.
Bien sûr, il n'en n'est rien, vous vous en doutez.
Mes amis catholiques sont comme mes amis protestants ou musulmans :
Juste mes amis.
Le reste ne me regarde pas,
Laïque jusqu'aux bouts des ongles, le type.
Mais revenons-en aux dicentras.
Grâce des formes et des couleurs,

Finesse des sépales,
Elégance de la hampe,

Transparence des pétales,
Y'a pas à dire : Dame Nature fait quand même bien les choses, non ?


Alors, gardons-nous de considérations théologiennes,
Et profitons du spectacle pour ce qu'il est :
Avec nos yeux, nos nez, nos doigts,... nos mots.

10/04/2009

Le squat

Lettre ouverte aux squatteurs qui graffent,
Dans la plus sombre partie de mon subconscient :


Bravo. Vous avez réussi à le trouver,
Et ce n'est déjà pas si mal.
Moi qui vous cause,
Il m'arrive de m'y perdre encore.
J'ai bien remarqué le gros trou,
Que vous fîtes pour pénétrer ici.
Bah, je ne vous en veux pas,
Si c'est pour la bonne cause :
Il y a tellement de trous, déjà,
Dans ma mémoire,
Que nous n'en sommes plus à un près,
N'est-ce-pas ?

J'ai -bien sûr- observé également,
L'ensemble de vos graffs, nets, puissants et colorés ;
Laissez-moi vous dire que vous êtes doués,
(et je m'y connais)
Je m'y étais moi-même essayé,
Il y a quelques années,
Mais ça n'avait rien donné,
Sinon quelque mauvais fantasme,
Ou autre rêve sordide.
Non vraiment, je vous assure,
Là, on s'y croirait.
On aurait presque l'impression,
De se trouver dans une usine désaffectée,
Ou un parking souterrain,
(J'adore les usines désaffectées,
merci : c'est très délicat de votre part
de vous en être souvenu)
Les gravats au sol, les tuyaux rouillés,
Réellement, vous avez le souci du détail,
Et- en un mot- du talent.

Une dernière chose : j'aurais souhaité vous féliciter,
De vive voix,
Mais il n'y a visiblement plus personne.
Dites-moi au juste :
Comment êtes-vous sortis d'ici ?
Ça fait moi-même de nombreuses années,
Que je la cherche cette sortie,
Et je retombe toujours dans cette salle ...
Fort belle, certes, ... mais,
Dites-moi au juste,
Dites-moi,
Dites.
Pourquoi ne répondez-vous pas ? Pourquoi ?





09/04/2009

Guetteur

Qu'est-ce qui nous pousse à faire ce qu'on fait ?
En voila une question récurrente.
Encore plus sur la toile.
A ce propos, j'ai retrouvé cette présentation qui date de 2005 au fond d'un vieux carton (Ah ! les vieux cartons d'Archie !). Je me suis dit qu'il n'était jamais trop tard pour expliquer pourquoi on fait des choses.
Alors, à vous de voir ...
(Bien sûr, comme d'habitude, n'oubliez pas de mettre le son ...)







Les paysages saisis dans cette animation sont ceux du massif forestier de l'Ardenne belge, capturés à "la Croix Scaille".

08/04/2009

Petite comptine printanière

Mon nouveau voisin a un drôle de look,
Du soir au matin, il me fiche le souk,
Quand je râle un brin, il me traite de plouc,
C'est décidé : demain, j'y arrache le bouc,
J'le change en zeppelin, tout en caoutchouk ...


Ah mais ... Merle alors !





07/04/2009

Le petit pêcheur

Souvent, gamin, dés que le printemps arrivait, il venait là avec le vieux. Il n'était pas attiré par la pêche, comme son grand frère, seulement par "l'idée de la pêche". Il avait tout l'attirail, mais, du haut de ses six ans, ne savait pas s'en servir.
C'en était devenu une sorte d'habitude, de rituel. Ils arrivaient par le chemin, puis foulaient les grandes herbes. Ses bottes, trop grandes pour lui, ruisselaient. Pas à pas, il marchait, il suivait le vieux. Enfin, ils arrivaient, tout au bord de l'eau, au niveau des rapides, juste en face de la petite île.

Celle-ci émergeait d'un brouillard rosé, à tel point que longtemps après, même sans se rappeler précisément de l'endroit, cette image revenait à l'esprit de l'enfant, comme synonyme de fraîcheur et de méditation.

Là, ils s'asseyaient. Ils parlaient peu. Ils écoutaient le silence, cet étrange silence ourlé du bruit continu mais lointain des rapides qui se fracassaient derrière l'île.

De temps à autre, le cri d'un héron ou d'une poule d'eau osait déchirer le brouillard, sans jamais qu'on puisse l'apercevoir.
L'enfant était perdu dans un monde de songe. Les yeux vissés au sol, il semblait s'extasier devant les croquenots ou le pantalon de jardin du vieux, mais, en fait, il était déjà loin, très loin, bien au-delà de la rive ...

Sur l'île, on pouvait apercevoir les restes de quelque bâtiment de béton, datant de l'ancienne filature qui s'effritait avec le temps, quelques dizaines de mètres plus bas.

L'enfant guettait l'instant. Il connaissait précisément l'endroit où il devait s'asseoir, au centimètre près. Par la fenêtre de ce bâtiment, ouverte et béante sur l'autre rive, il attendait l'arrivée du soleil levant, exactement cadré au bon endroit, juste pour lui.

L'instant était magique et durait peu. Le vieux ne bougeait pas non plus. Une fois, il ajouta : " Tu vois, le soleil vient de par là. Un jour, quand tu seras grand, tu feras sans doute le tour du monde, et tu parviendras peut-être à atteindre l'autre côté. Alors, tu n'auras plus besoin de guetter cette fenêtre ..."



Tout ce passé là avait quitté son esprit depuis bien longtemps. Et voila qu'aujourd'hui, c'était lui le vieux. Et il se retrouvait là, en cet endroit, ce matin là, et cette image du passé qu'il avait complètement oubliée, lui revenait en pleine figure, brûlante comme un coup de fouet.

D'un coup, il revoyait tout : il revoyait les balades au bord du canal avec son père, près du barrage, l'ambiance dans la brume, le cri de oiseaux. Son père : presque quarante ans après sa mort, il avait bien essayé de ranger tous ses souvenirs, soigneusement repliés dans la commode de l'oubli, mais rien n'y faisait : il y avait toujours des bouts qui passaient.

En une image, c'était tout un pan du passé qui venait de se décrocher, énorme comme une avalanche, la sensation délicieuse et terrifiante d'avoir traversé à toute vitesse la petite fenêtre de ce petit bâtiment gisant là-bas, loin, sur cette petite île de sa petite enfance ... juste à l'endroit précis où le soleil se lève ...

06/04/2009

Totem

Rencontre dans la forêt
Avec un totem hirsute,
Un balafré, un vrai de vrai,
Déchiré, arraché,et le copeau luisant,
Il fait celui qui attend.

Il fait aussi celui qui entend.
Où sont passés les combattants,
De cette inégale bataille ?

En fait, la forêt borde un enclos,
Où sont parqués deux ou trois chevaux,
Qui regardent d'un oeil avide,
Ce qu'il reste de l'invalide.


Moralité :
On a beau être fier combattant,
On est pas à l'abri des gourmands.

05/04/2009

Rétrospective dans une boîte bleu ciel

Une fois n'est pas coutume, il arrive qu'on trouve des secrets en cherchant autre chose. C'est ainsi qu'en cherchant une vieille photo dans ma malle à trésors, je suis retombé sur celle-là, que j'avais oublié ...



La grande boîte en bois peint conserve ses souvenirs,
Sous forme de petits carrés découpés,
Le plus souvent en noir et blanc,
Avril 64 : Archie a 7 ans,
Et il est prêt à en découdre avec le monde entier.

Parlons-en, du monde :
Martin Luther King devient prix Nobel de la Paix,
Et il est élu "homme de l'année",
Quatre ans avant de se faire assassiner.
La guerre civile débute à Chypre en février, et,
Pendant que l'Amérique interdit la discrimination raciale,
Mandela est condamné à la prison à perpétuité en Afrique du Sud,
L'OLP est créée en Palestine,
La première bombe atomique chinoise explose,
Et Khrouchtchev est remplacé par Brejnev et Kossyguine.

Bref, le petit bâton d'Archie n'y suffira pas,
à changer ce monde-là,
Qui n'est pas si terrible finalement,
Dés que l'homme s'en mêle et s'emmêle ...
Qu'importe, il a sept ans et il y croit,
Et il y croiera encore longtemps.
Certains jours, il parait même,
Qu'il y croit encore,
Quand le temps n'est pas trop mauvais au dehors ...

Ah si ! J'allais oublier : heureusement, c'est en mars, cette année là qu'est née Juliette Binoche ;-)

03/04/2009

Le petit chemin

Un petit chemin.
Juste un petit chemin sans importance,
Pour aller où bon nous semble,
Ecouter le printemps venir,
Les bourgeons s'ouvrir.
Un petit chemin pour marcher seul ou à deux,
Pas besoin d'être plus nombreux.
Plus il y a de gens et moins on ressent.
Un petit chemin à l'heure,
Où nos ombres s'allongent,
Plus près du pays des songes,
Encore tiédi par le soleil.
Un chemin à travers prés et champs,
Vers la forêt, s'avançant,
Au milieu de ce pays qui me porte,
Depuis bien longtemps déjà.

Un chemin qui ressemble un peu à une vie,
Qu'on déroule autour de la nuit,
Qu'on traverse épanoui,
Seul ou aux côtés de l'autre choisie,
Sans même imaginer qu'un jour, le chemin finit.



Chemin de la forêt domaniale d'Elan - Commune de Sapogne-Feuchères (08)

01/04/2009

Réveil mutin

Petit matin sans mystère dans la chambre jaune.

Depuis longtemps déjà,
Les oiseaux piaillent sur la gouttière,
Et ça fait curieusement,
Comme un bruit continu de torrent,
Qui descend,
Cascadant,
Le long du temps.

Vers cinq heures, j' entends le bruit
Du journal que l'on glisse furtivement,
Par la boîte aux lettres.
Puis le moteur,
De la voiture du livreur,
Qui poursuit sa journée.

Puis plus rien.
Et ce rien là est un tout.
Car il est si fort, qu'on l'aime plus encore,
Il est si court, dans le demi-jour,
Qu'on voudrait crier, pour le conserver.

Alors, petit à petit, le soleil dessine,
Par les fentes des volets,
D'étranges ombres de Chine,
Projetées au mur, en secrets.
C'est le moment où je pars très loin,
Un instant.
Le moment où j'imagine,
Où je dérive,
Où ma raison s'esquive.

Quand je reviens de là,
Quand je suis de retour,
Je tourne la tête de côté,
Vers le hurleur et son compte à rebours.
Il est là,
Silencieux, scintillant,
Attendant son moment,
Dans moins d'une minute, maintenant.

C'est là que je l'arrête,
D'un geste décidé,
Et, par-dessus la couette,
D'un sourire satisfait,
Doucement je me répète,
Que cette fois encore,
Le temps n'est pas le plus fort.

Puis il faut se lever,
Se laver, s'habiller,
Vite fait, petit café,
Sur tranche de pain grillé,

Se chausser, voiture démarrer,
Vite, vite, filer bosser ...



 

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