[] Archimia

29/11/2009

A la pelle ..

Nous voilà déjà presque arrivés au dernier mois de l'année,
C'est l'époque des trois "F" : flotte, froidure et feuilles mortes,
Dans quelques jours, le grand délire commercial de Noël,
Nous fera oublier la grippe A, le chômage, Sarkosy et même la main de Henry chez les irlandais.
Ce monde me fatigue, me vieillit.
Et nous là-dedans ?
Ballotés comme les feuilles mortes sur la pavé,
Tantôt flottant dans l'eau des rigoles,
Tantôt échoués sur les dalles de pierres sales et humides,
Je nous vois ressemblant à de gros poissons hors de l'eau,
Résignés.
Résignés à attendre la suite.
Ce monde n'a plus de sens, ni de valeur.
Il n'a surtout plus d'espoir ..
Reste juste de larges dalles grises
Sur lesquelles nous dérivons.
Que nous arrive-t-il au juste ?
Toutes ses menaces sur nos têtes ...
Chaque jour, chacun espère que ça va passer à côté.
Juste à côté, mais à côté quand même.
Le silence s'installe.
Et chacun pour lui.
Nos compagnons d'aujourd'hui
Seront-ils les disparus de demain ?
Qu'importe, pourvu que ça passe à côté...





Reste que,
Si j'en crois les saisons,
Un jour, le printemps reviendra.
Alors, tenir, oui tenir jusque là,
Rien que pour voir.

26/11/2009

Douche surréaliste



Drôle d'impression ces arbres qui envahissent les douches,
Pressés qu'ils sont, de faire leur grande toilette d'automne,
Une fois les feuilles tombées.
Pourquoi faudrait-il être propre pour mourir ?
C'est vrai que eux ne sont pas vraiment morts,
Ils font juste semblant.
Ça fait quoi au juste de faire le mort,
Pendant tout un hiver, je me demande.
Et voila Archie à la dérive,
Avec ses questions quoi,
Avec ses questions qui,
Qui par dizaines arrivent,
Et voila qu'il pleut des questions,
C'est normal qu'il pleuve dans une douche,après tout,
Des tas de questions glissent et tombent au sol,
Elles deviennent molles,
Elles deviennent colle,
Ou bien alcool, formol, même vitriol.
C'est une odeur épouvantable qui sort des douches,
Les gens s'enfuient en hurlant,
Même les arbres arrivent à se boucher le nez,
C'est pas courant, je sais.
Heureusement, un responsable a téléphoné.
Et voila les pompiers qui arrivent avec une réponse,
Une réponse de responsable.
Une seule réponse pour toutes ces questions ?
Et voila une question de plus.
Archie n'ose pas se demander ce qu'il doit faire,
Ça serait sûrement une question de trop.
Il vole la réponse et s'enfuit chez lui,
En se promettant bien de ne plus passer par là,
A se demander n'importe quoi ...

24/11/2009

Petite comptine en deux temps trois mouvements

Le samedi, avec mon papi,
Au fond du parc bien engourdi,
On joue à cache-cache tout accroupi,
On fait les zouaves, on s'applaudit,
Comme un ballon, je rebondis,
Vous salue bien : il est midi !




22/11/2009

La cour des têtes

Petit cadeau en ce dimanche matin tardif :
La cour des têtes qui te lorgnent,
Dix-sept (sur dix-neuf) mascarons hilares, sérieux ou menaçants,
Attendent, depuis 1629, de rencontrer ta trogne...
Ancienne académie des exercices de la Principauté de Sedan,

(s'il vous plaît)
Elles sont là bien au calme,
En plein coeur de ville,
Mais un peu à l'écart,
Juste assez près pour en entendre les rumeurs,
Juste assez loin pour en limiter les horreurs,
Ici, tu peux rester, regarder, écouter,
Tu ne déranges que les chats, et les locataires ...
Mais ils sont habitués.
Ah oui ! J'allais oublier :
Passe la souris sur l'anim' pour la lancer,
Et monte le son, c'est mieux pour l'ambiance ...





19/11/2009

Petite balade rimbaldienne le long du canal des Ardennes

Le long ruban d'acier
Borde tes rêves dorés,
Toujours t'en vas, mené
Au gré des vents, forcé.
La tête, pleine de soleil,
En marcheur infini,
Te voila qui approche,
Près du village de Roche.
Là, tu retrouveras
Les traces de ses pas,
De ses semelles de vent,
Par lesquelles il s'en fut,
Marcher en écrivant,
Ou rêver en marchant,
S'imaginer ailleurs,
Se composer vainqueur,
Tout au long des chemins durs,
Là où passa Arthur.





"Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;"

17/11/2009

Les têtes

Ce soir, je suis un peu fatigué, et, je ne sais trop pourquoi, je repense à une expo que j'étais allé découvrir il y a quelques temps ...
Elles me font sourire,
Serrées, presque frottées,
Les unes aux autres,
On sentirait d'ici leur granulosité,
Mais ça serait tellement mieux du bout de l'index,
On tracerait peut-être des chemins,
Les reliant entre elles,
A travers le gravier.
On les imaginait têtes aveugles, sourdes et muettes, oeufs calcifiés,
Mais on les sent vivantes et calmes, comme reposées.




Dans toutes les civilisations du monde,
L'art est cet étrange territoire,
Caché aux confins de la raison,
Qui subsiste quand tout le reste est érodé.

Placé ainsi, il est le dernier rempart contre la folie.
Il m'aide à oublier ce quotidien sordide,
Cette mère, complètement ivre et sous cachets,
Qui pleurait qu'on voulait lui voler ses enfants
Tout à l'heure, en plein milieu de l'après-midi,
Qui secouait les grilles de l'école jusqu'à les décrocher,
Elle aurait bien aimé voir sa fille, là, tout de suite.
Mais sa fille, elle, n'aurait pas du tout aimé la voir.
Comme ça, dans cet état là. Devant les autres.

Alors pour éviter qu'une gamine ait honte de sa mère,
Nous dûmes parlementer pendant presqu' une heure,
Autour d'un petit café,
Avant qu'elle n'accepte de repartir,
Avant qu'elle n'accepte que je téléphone à sa mère à elle,
Pour qu'elle vienne la rechercher,
En attendant l'heure de la sortie.
Drôle de trait d'union :
De mère à fille,
De femme à femme.

Alors oui, ces sphères me font penser à ces mères à la dérive,
Qui semblent flotter au milieu des gravats,
Une existence mouvante en noir et en blanc.
Oui, heureusement que l'art est là,
Et l'écriture aussi,
Pour pouvoir gommer ces mots et ces images,
De temps en temps,
Pour pouvoir s'échapper,
Pour aller respirer ailleurs.

Aimer l'art.
Ça n'est pas parce que c'est beau,
C'est seulement parce que c'est.
Vital.

15/11/2009

Trouvaille

Ça y est, ça devait arriver.
C'est arrivé la semaine dernière.
Dimanche après-midi, très exactement.
A force de chercher et chercher sans relâche,
D'aller à pieds, par les routes et les chemins,
D'interroger les gens,
A force de visiter villages, hameaux, patelins,
De fouiller dans les rues,
De questionner les chiens,
De quadriller mon coin,
De l'Ardenne de schiste au bocage de Thiérache,
De la forêt d'Argonne à la craie de Champagne,
J'ai fini par dénicher
Ce que je n'osais plus espérer,
Au détour d'un chemin,
Le long d'une ferme en ruine,
J'ai trouvé l'arbre. Le seul. Le vrai.

Le pommier dont les fruits ne tombent jamais.



12/11/2009

Tout juste

Juste une photo comme ça.
Pour toi, pour moi,

Pour tout ceux qui la voient.
Une photo pour laisser courir ton imagination,
La laisser te guider aux pays des matins courts,
et des soirs embrumés,
En attendant d'arriver vers la fin de l'année,
Avant de basculer de l'autre côté.


Juste quelques pixels alignés,
Suffisamment serrés, solides, évocateurs,
Pour rappeler que oui,
Il fait bon vivre ici ou là,
A regarder filer le temps et les saisons,
A aimer la terre avec ou sans qui vivent dessus.

C'est important,
De temps en temps,
De se le rappeler.




A toi de causer, maintenant .

11/11/2009

Comme mes mots (dé) : rations

De commémos en commémos,
On finirait par ne plus vivre que dans le passé.
Alors à l'occasion de ce onze novembre, j'ai pensé,
Faire appel à un ami pacifiste, plus que jamais.
Ce couteau là, n'a jamais tué : il est en fer blanc,
Plus léger qu'une plume,
Il faisait partie du "mess kit" des soldats américains,
D'où le "RIA (Rock Island Armory) US 1911" gravé dessus.

Ce couteau là était dans ma maison,
Quand je suis arrivé il y a vingt-six ans.
Il m'attendait. Sagement.
Fiché entre deux pierres mal jointoyées d'un mur.
Ce couteau là, c'est le "couteau de quatorze",
Comme disent mes gamins, qui l'ont toujours connu.
Il sert à aller couper des salades ou des courgettes l'été, au jardin.
Et il ne sert qu'à ça.



Alors, aussi farfelu que ça puisse te paraître,
J'aimerais bien dédier ce jour à ce type,
Américain totalement inconnu, venu ici,
A des milliers de kilomètres de chez lui.
Je ne connais pas son histoire,
J'ignore si elle est tragique ou pas,
Mais j'aime à l'imaginer repartir au pays,
Une fois la guerre finie,
Et prendre le temps à la dernière seconde,
De glisser son couteau entre deux pierres,
De cette vieille baraque abandonnée :
Un clin d'œil de complicité,
Une façon de marquer un territoire, un souvenir,
Une façon de se passer le témoin, en quelque sorte,

Juste à travers le temps.

08/11/2009

Ce que les murs murent

J'ajoute ma pierre à l'édifice -si l'on peut dire- et je voudrais dédier cette photo à tous les murs qui ploient, se plient, se lamentent, se déforment, craquent, se fissurent, s'effondrent et finalement s'écroulent, de par le monde.
Murs, rassurez-vous :
On ne vous en veut pas.
Nous sommes comme ça,
Nous, les hommes.
D'ailleurs, ce sont souvent les mêmes,
Qui vous montent et vous démontent.
Au gré des vents,
Au gré des temps.



 

Qu'on sache bien et surtout qu'on se souvienne,
Qu'un mur à lui seul, n'a jamais rien réglé,
Même si tous les problèmes ne se sont pas envolés avec lui.

Qu'on se rappelle enfin aussi
Qu'un mur, aussi haut fut-il,
Futile,
Même fait de pierre, de béton ou d'acier,
Est beaucoup plus fragile,
Qu'une petite feuille de papier,
Sur laquelle des mots sont griffonnés,
Mots d'amour, poémes de liberté, fertiles :

Les mots des enfants des hommes.

Gros temps

L'automne, c'est aussi ...
Le temps des tempêtes,
Et des vents déchaînés,

De ceux que rien n'arrête,
Arbres déracinés,
Et déluges à perpète,
Qu'il fait bon regarder,
Caché derrière sa fenêtre,
A regarder passer,
Dans un ciel sans focettes,
Des morceaux d'un peut tout ce qu'on peut dessiner,
Embarqués par le vent, menés à la baguette ...





Qu'importe. Tant qu'il reste un café,
Une bière, et une galette.
On peut bien bouquiner,
Ou se faire une crapette.

06/11/2009

Essorage

Retour sur la place après les congés de Toussaint. Triste comme comme un paquet de gâteau vide au milieu d'une flaque d'eau dans la grand'cour de récréation ...

Tout va pour le mieux au pays des pauvres : gale et pédiculose se partagent largement le marché au profit de la grippe H1N1. Le téléphone de la maternelle n'est toujours pas réparé depuis le mois de juin. les étagères de la BCD attendent aussi d'être découpées et posées, depuis le mois de mai. Les bouquins restent sagement dans des cartons. Mais après tout, tout le monde s'en fout.

Ce qui nous reste de ministère n'a plus assez de sous pour payer les heures sup' des activités du soir (vous savez, depuis 2 ans, ça s'appelait "l'accompagnement éducatif" ou "les orphelins de 16 h 00 ", et ça devait être généralisé cette année dans toutes les écoles et collèges de France ...)
De toute façon, on en est plus à chercher des solutions. C'est fini. On a plus le moyen de tout ça.

Une collègue toubib m'a demandé d'intervenir à un
colloque de médecins scolaires sur le thème de la violence à l'école en décembre à paris. Je me dis comme ça que c'est pas bon signe pour moi, si je commence à faire figure de spécialiste qu'on écoute. D'un autre côté, depuis le temps que j'essaie de faire comprendre aux gens d'ailleurs ce qui se passe dans ces quartiers chaque jour ...





La déliquescence des services de l'état me fait penser à ce superbe reportage d'archives vu sur la deux l'autre soir à propos de la chute du mur de Berlin. Ces fascinantes images du pouvoir qui bascule, absurde, ubuesque, quelques minutes avant que des dizaines de milliers de berlinois passent, incrédules puis hilares, la frontière devant un garde totalement dépassé, qui vient de prendre la décision, contre l'avis de son supérieur, de pousser les barrières...

Finalement, je me dis qu'aujourd'hui , on en est pas encore là, mais qu'on s'en approche. D'un autre côté, il n'y a pas grand monde dans la rue. Alors si effondrement il y a, ce sera de l'intérieur, pas à cause de la rue, un genre d'implosion, peut-être ...

Ça donne envie de faire la vaisselle, tout ça. En faisant couler l'eau bien fort, bien chaude. Vous trouvez pas ?

04/11/2009

Princesse d'aujourd'hui

Et voici qu'Archie,
Toujours chevaleresque, t'emmène aujourd'hui,
Dans le château de la Belle au Bois Dormant,
Niché dans un patelin nommé Dohan,
Enserré dans une boucle de la rivière Semois,
Avec un "s" car elle coule encore en Belgique,
Alors que dés qu'elle arrive en France,
Elle se met en transe,
Et devient Semoy avec un "y" (condescendance ?)

Ici, calme et volupté,
Le silence apprivoisé,
En quelque sorte,
Où la princesse presque morte,
Attend patiemment le baiser,
D'un prince charmant en VTT ...





Tu vois, même ici, le temps passe,
Les modes s'effacent,
Et les légendes coriaces,
Prennent de l'audace.
Efficace.

03/11/2009

Polychromie

Petite série à propos des couleurs de l'automne,
L'automne est une drôle de saison,
Pas facile à aimer.
J'ai mis très longtemps à la découvrir, à l'apprécier.
Pas grave. Elle est sans rancune ...


Les pinces à linge semblent s'ennuyer,
Et le fil pleure en regrettant les draps
Qui séchaient gaiement au soleil du printemps,
Le silence et le froid guettent.
L'automne, c'est aussi cette explosion de couleurs sans limite,
Comme un dernier pied de nez avant l'hiver.
Des teintes qui tranchent dans le vif du paysage,
Comme si elles voulaient s'incruster en nous,
Comme un souvenir de teintes, un peu floues, un peu mélangées,
Qu'on voit sans regarder derrière les carreaux mouillés,













Le souvenir d'une page qu'on tourne,
Ni triste, ni gaie,
Mais qu'il faut tourner,
Avec, juste avant l'attente,
L'impression,
De finir en beauté.

02/11/2009

Capitaine, mon capitaine

Seul à bord du grand vaisseau,
Regarder les choses du haut,
Changer toujours son angle de vue,
Un peu comme dans le cercle des poètes disparus ...




 

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