[] Archimia

26/12/2009

Ailleurs aussi

Archie vous laisse un peu,
Juste un peu,
Et s'en va quelques jours rejoindre son refuge,
Là-haut,
Coincé entre Vosges et Haute Saône,
Blotti dans des endroits où il fait bon parfois,
Tout en montant,
Prendre le temps de s'arrêter,
Pour regarder en arrière.

La vie est ainsi faite qu'on la passe à chercher.
Chercher à comprendre,
Chercher à lire l'autre
Et ce qui nous entoure,
Chercher à savoir pourquoi,
Pourquoi cette persistance du quotidien
Indifférente à nos joies et nos chagrins ?
Pourquoi cette peur du lendemain
Qui nous habite et nous ronge depuis le premier matin ?
Alors que ...

Patience : le futur ... ne fait que commencer !


A bientôt


23/12/2009

Ce soir

"Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d'eux se pose...
Ils se croient endormis dans un paradis rose..."
(Rimbaud - Les étrennes des orphelins)
 



Passager d'Archimia égaré par ici,
Je ne t'adresserai
Qu'un seul souhait pour cette soirée :

Qu'à un moment ou à un autre,
Quand tu voudras,
Quand tu pourras,
Tu puisses retrouver,
Ne serait-ce qu'une seule seconde,
Ces yeux là.

21/12/2009

Pompéï

Lentement, la lave glacée a coulé,
Et recouvert d'un cristal pur et transparent,

Les hôtes de dame nature,
Emprisonnant à jamais,
Cette seconde d'inattention où l'eau se met à durcir.
La surface craquelée s'est transformée en mosaïque,
A chaque petit miroir sa réfraction,
Nul ne sait ce qui vit dessous,
Ni comment il nous voit,
Figé dans un silence absolu.
Dessus, on pense à une peau ridée, durcie,
Qui laisserait voir tout l'intérieur,
De nos espoirs ou de nos peurs,
Et je reste là, pensif,
A regarder le temps s'écouler,
Dans de curieux vaisseaux
Sanguins et sans couleurs :
La vie après la mort.
Encore.



19/12/2009

Jeux de glace

Moins onze degrés cinq, ce matin. C'est rigolo la météo : c'est toujours pareil, et c'est chaque fois nouveau... Voila ce que j'écrivais sur un autre blog, il y a exactement deux ans :



Avec du bois et de la glace,
Avec le soleil du matin,
Avec tout ce que je trouv' sur place,
Et qui disparaitra demain
,




J'écris des formes, de la lumière,
Joue avec l'ombre et le mystère.

17/12/2009

Noël, ça se fait chaque année



C'est sur cette chanson de Prévert, que je trouve extraordinaire (tant par la mélodie, que par les paroles) que je vous laisse dériver ce matin, sur la voix de Catherine Sauvage ...
Noël est un drôle de truc :
Un genre d'obligation morale,
Qui frappe à toutes les portes,
Des plus belles aux plus sordides,
Comme si tous les enfants du monde avaient au moins ce droit,
Celui d'être heureux ce soir-là.
Qu'ils aient les mains sales ou propres,
Qu'ils aient froid ou chaud,
Qu'ils aient vraiment faim ou qu'ils n'aiment pas la brioche.
Dans une semaine, le réveillon,
En même temps absurde et attendrissant,
Comme l'espoir dans les yeux d'un enfant,
Comme ce monde qu'on nous impose, tout en noir et en blanc.




15/12/2009

Matins givrés

Froid glacial sur la forêt, cette nuit.
Lentement, le fragile vaisseau de pierre,
De son écume de brume, surgit.
Le village d'Archie s'éveille,
Fripé, embué, embrumé, comme une belle,
Après une nuit trop agitée.
Le silence est déchiré par le tempo du vieux clocher.
Inhabité, comme déserté,
Il faudra attendre le passage du boulanger,
Pour voir un ou deux vieux, aller, venir et s'agiter,
Et tenter d'oublier les "moins huit" de la veillée.

Sagement, au boulot, Archie est déjà parti,
Quand il faisait encore nuit,
Continuer son bout de vie ...





14/12/2009

Les gardiens

Des fantômes dans la ville, en habit de totem,
Bordent le fleuve noir sur fond de requiem.

L'hiver, qui les dénude et l'homme, qui les nettoie,
Donnent à leur attitude un peu de désarroi.
Les gardiens débonnaires sous qui on s'abritait,
Sont devenus polaires, intimant le respect,
Et vois leurs mains crispées, dirigées ver le ciel,
Leurs doigts devenus crochus, menaçants : essentiels.




11/12/2009

Impression

Finalement, la vie, c'est un peu comme ce mur.
Droit, plat, immense,
Haut ; bien plus haut que soi.
Un patchwork d'aventures et d'histoires,
Cousues les unes aux autres,
Ficelées, couturées rattachées,
Certaines sont magnifiques,
Et on en garde une certaine fierté,
D'autres par contre,
Nous fichent la honte :
Elles sont de travers, fragiles, rafistolées,
Et tout l'ensemble est là, comme ça,
Peut-être solide, peut-être pas,
Et puis surtout, belles ou terribles,
Ces cicatrices, à la surface,
Qui nous rendent toujours un plus fort,
Un peu plus dur aussi.
Lentement, on change, on se transforme,
Trait après trait,
Tache après tache,
On se dessine sans apparaître vraiment,
Un peu comme dans une toile de Monet ...




10/12/2009

Vases communiquants

Nos quotidiens se vident et se remplissent,
Au gré des évènements,
Au fil du temps et des saisons.
On a toujours l'impression
Qu'ils n'en finiront jamais.
Des cris, des pleurs, du désespoir,
Ou de l'amour, du rire et de la joie,
Tantôt le niveau baisse, tantôt il monte,
Et nous veillons à bien entretenir la mécanique,
Pas de fuite,
Pas de bouchons,
Et puis soigner l'odeur :
Le quotidien ne supporte pas les mauvaises odeurs.
Fluide. A tous les sens du mot.
Tout ça doit rester fluide.
Un jour, le robinet se bloque et coule sans cesse,
Et le bac ne se vide plus ...
C'est là que ça se gâte : il n'y a pas de plombier du quotidien.

Je devrais arrêter de trop penser
Quand je nettoie l'évier...




07/12/2009

Buée

Méfiez-vous !
Les soirs de soupe ou les matins de potée,
On remonte le temps,
Si on s'approche trop près des carreaux de la cuisine.
On se revoit enfant,
L'index en avant,
A écrire comme un monde sur la vitre glacée,
On revoit la lumière coulant derrière les gouttes,
Créer de nouvelles formes, d'autres couleurs,
Tout un kaléidoscope de notre coeur,
Dessin qui finit par s'étendre, se déformer et s'écouler,
Dessin qui suit à dessein son destin,
Et qui s'achève en bas de la fenêtre,
Là où les rêves s'arrêtent.
On revoit aussi,
Mais en plus petit,
La mère qui râle qu'on va lui salir ses carreaux,
Et qui sait pourtant que ça ne sert à rien,
Il est déjà ailleurs,
Loin, tellement loin,
Que ça lui fait un peu peur, à la mère,
De voir que son gamin est à ce point rêveur ...




06/12/2009

Nature morte

Demain, Copenhague.

Comme un fil tendu dans la nuit,
Un souffle qu'on retient contre soi,
Le rire d'un enfant qui se noie.



05/12/2009

La nuit

Colonne Morris sous les branchages
A la fenêtre de l'hôtel, bien sage,
Archie revoit ces deux jours de colloque,
Autour de la violence à l'école,
Avec chercheurs, médecins, pédopsymachin-choses,
Impressionné par la simplicité de ces gens,
Qui l'écoutent et le questionnent,
Il se sent bien un peu petit,
Mais il a l'habitude.
Il se dit que c'est bien, forcément,
De se mettre à plusieurs,
Pour chercher des solutions,
Ici et ailleurs, dans une quinzaine de pays différents,
Parce que les enfants d'ailleurs ont des soucis aussi,
Il pense qu'on est déjà bien loin,
Du "ici c'est chez moi, et mieux qu'en face",
Du coup même, ceux là, il les efface,
Et regarde amusé sa colonne Morris,
Comme un gros épi de maïs.

Il y a des soirs comme ça
Où je veux bien croire à la grandeur de l'homme,
Quand il sait se mettre à plusieurs,
Pour avancer encore un peu plus loin,
Pour davantage aimer et protéger les siens,
Ses enfants,
Ces enfants-là.
Purée, Bohringer a raison :
C'est quand même beau, une ville la nuit ...



01/12/2009

Les petits trésors

Sur la cheminée d'Archie,
La vieille cheminée de chêne ciré, tu trouveras :
De grands pots de faïence par les ans, tout blanchis,
Rangés du sucre au sel, un peu comme des daltons,
Un peu moins criminels ou vraiment assagis,
Des pots de grès des Vosges, de raisins secs remplis,
Des moulins à café, tout de cuivre vêtus,
Avec une manivelle qui leur pousse par-dessus.
Des fraises de porcelaine,
Et autres bimbeloterie,
Qui contiennent ferraille ou bien menue monnaie,
En attendant leur tour, gentiment, patiemment,
Guettent calendriers, tombolas des enfants.
Tu verras aussi des bougies,
Pour les soirs de disette
Où le courant ne passe plus,
Des cruches, pots à épices, ou des boites d'allumettes,
Des vide-poches qui s'ennuient,
En guettant l'occasion.

Toute une population d'objets hétéroclites,
Tous en compétition, qui pourtant cohabitent,
Avec en plus, comme si ça ne suffisait pas,
De temps en temps Archie, qui y passe son doigt,
Pas pour voir la poussière, mais plutôt pour lisser,
Tout ce morceau d'histoire, d'un siècle et demi aîné,
Qui regarde passer les vivants du quartier.

La cheminée d'Archie, c'est un monde rien qu'à elle,
"Un fichu dépotoir !" s'exclament les rebelles,
C'est dire combien ceux-là n'ont pas vu ma poubelle ...



 

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