Un week-end étrange,
Entre élection, moyennement motivé,
et fête des mères un peu désuette, en mélange,
Un peu comme une bulle d'air,
Au milieu de mon apnée verte ...
Suis redescendu sur terre hier soir,
Vérifier l'état de l'humanité, de ses catas et de son désespoir,
Compter un peu mes courbatures, il faut bien le dire aussi,
Et repartirai là-haut, le matin de lundi.
La-haut : Dans l' énorme gîte, débordant du minuscule village,
Au pays de la forêt et du froid (1,5° ce vendredi matin)
Dans un espèce de no man's land entre France et Belgique :
C'est peu dire qu'ici l'Europe prend tout sons sens,
Mais ce n'est pas de cela que nous avons parlé avec les mômes, là.
Là, nous les avons laissé réaliser,
Ce que tant d'adultes ont tant de mal à admettre,
A savoir qu'il leur reste tout à découvrir de cette planète qui les héberge ...
Et me voici donc de retour dans cette chambre étrange,
Rouge et silencieuse,
Ornée de ce tryptique bizarre,
Volontairement flouté, tant il est loin de moi,
Avec, comme en mur transparent,
L'image de la fenêtre que le levant projette.
Cette chambre me rappelle sans cesse celle des dernières images de ce merveilleux film de Kubrick (2001, l'odyssée de ...) parce que je me demande si elle fait vraiment partie du temps, de l'espace ou bien tout simplement de mon imagination ...
Oui, il est certainement extraordinaire cet endroit. Et si c'est peut-être le seul cadeau que je puisse faire à ces enfants, je le sens de taille pour eux, un genre de truc dont ils garderont le souvenir toute leur vie. Eux, qui -pour la plupart- ne savaient même pas ce que c'est qu'une forêt (ils imaginent des singes ou des serpents) et roulent des yeux ronds comme des billes quand je leur montre le ventre orange vif du triton alpestre que j'ai choppé à la main dans une flaque d'eau d'un chemin ..., eux qui vont apprendre à construire des cabanes, à faire des sculptures avec les cailloux, à partager avec les autres, à écouter, à argumenter, bref à apprendre tout ce qu'on devrait apprendre à l'école et qu'on a jamais le temps de faire ...
Petit clin d'oeil en rentrant : ce papa, vendredi soir qui vient me voir avec son gosse (qui va partir en séjour lundi) et me dit : " Je sais que Justin, le copain de mon fils, dans sa classe, n'a pas l'argent pour participer au prochain séjour (on demande 10 € aux parents, ce qui est énorme dans une école de ZEP), alors moi, je veux bien payer pour lui, je m'arrangerai avec sa mère pour qu'elle me rembourse plus tard ..."
Bien sûr, je lui répond que sa proposition est très généreuse, mais que, depuis sept ans que je dirige cette école, pas un élève n'a pu participer à une activité faute d'argent, (la coopérative de l'école se substituant toujours à la famille dans ces cas là), mais que, bien sûr, je ne peux pas l'annoncer tout haut lors de la réunion avec les parents ... C'est quelque chose qu'on règle à part avec les gens concernés, disons avec une certaine "pudeur".
N'empêche. Ce papa là, ce soir, j'étais fier de lui.
Et son gamin aussi, j'en suis sûr.
Bon. Je vous laisse encore pour une semaine.
Ne m'en veuillez pas trop.
A bientôt.