Ce soir, je voudrais souhaiter un aussi joyeux Noël que possible, à Leïla, infirmière de garde en secteur pédiatrie de l'hôpital du coin, à Manu, service réquisitionné de salage et déneigement de la DDE locale, à Mireille, qui passera encore Noël seule dans sa grande maison depuis que son Roger est mort, à Yves, service d'astreinte à la caserne des pompiers, à Mickaël, qui aimerait tant changer sa vie, et être enfin placé dans une famille ou ça cogne moins, à Mouloud, seul, dans une chambre miteuse du foyer Sonacotra, qui repense à son pays là-bas, à toutes celles et ceux pour qui Noël, c'est pas Noël, Oui, à tous ceux-là et à tant d'autres, cette toute petite pensée, Se dire que partager ça c'est tellement peu, mais c'est déjà beaucoup : Alors Joyeux Noël à vous.
Oui je sais, Ça n'est guère original, L'accès au jardin est bloqué, Pas la peine d'être matinal, Au-delà de quarante centimètres, Le temps d'enfiler les guêtres, Déneiger le bambou, la serre, le auvent, Coup de peau : pas de coupure de courant, La vie, ici, continue, Loin du cac 40, des infos convenues, On est bien, on pousse, on gratte, On en a plein les pattes ... Chic !!!
Rien de tel, En ces périodes de Noël, Qu'un bon voyage dans le temps, Au pays des chevaliers et des princesses, Des dragons et des ogresses, Là, juste dans la vallée, De l'autre côté, De la rivière enchantée.
Comme un trait de stylo sur une feuille, Un encéphalogramme à travers l'œil, La ligne d'eau traverse notre paysage, Petite note ironique pour enfant pas sage, Dame Nature intervient et impose, Spectacles géants, glacés, virtuoses ...
Coup de froid sur le pays, Et aussitôt paralysie, Et on ne cesse de nous répéter La chanson des bouchons sur route verglacée, Et les trains arrêtés, Les réseaux électriques prêts à craquer, Et Les transports scolaires supprimés ...
Alertes jaune, orange ou rouge Que plus personne ne bouge,
Est-ce vraiment la fin du monde ? Rien de plus qu'un hiver qui vient et qui va, Du moins cinq, moins dix, comme ça arrive parfois, Nos sociétés sont-elles donc si fragiles et si amnésiques, Qu'elles ont déjà oublié qu'une saison sur quatre est ainsi ?
Une fois, de temps en temps, Un peu d'humilité, Relisons l'histoire des grands hivers, Celle de nos grands-pères, Et cessons de nous moquer, de soupirer, Comme des enfants gâtés. Nos technologies ultra-sophistiquées et hautement informatisées, L'hiver s'en fout, Un point c'est tout.
Il faudra pourtant bien continuer de vivre sur cette terre, "Qui est quelquefois si jolie", non ?