Vieilles pierres insalubres ou bien cages à lapins,
L'homme a toujours beaucoup d'imagination,
Dés qu'il s'agit d'imaginer ses propres prisons.
Pourtant ici aussi,
Derrière chaque carreau, il y a une vie.
Celle de Yoyo, fils de femme de ménage,
Qui avait ramené le flingue de son cousin
Dans son cartable au collège,
Ou bien celle d'Ayé,
Grand manipulateur de conditionnel présent,
Malgré son Maroc natal,
Qui disparut un soir d'été le long d'un quai fatal.
Des histoires, il y en a des tas d'autres,
Des qui finissent bien,
Des qui finissent mal,
Des qui ne sont pas prêts de se terminer ...
Si je sais tout ça,
C'est que j'y ai bossé,
Pendant dix-huit ans.
Ici, c'est un peu comme un village,
Des gens attachés, mais attachants,
N'en déplaise aux statistiques de notre sainte-mère l'Ecole,
Alors, ce soir, en marchant là,
Je me dis que ça n'a pas trop changé,
En dix années,
Je revois leur têtes,
Leurs sourires,
Tranches de vie,
Tranches d'espoir,
Tranches de noir.
C'est bon les premiers soleils de presque mars ...
Et la lumière, bon dieu, la lumière ...
Rien qu'à moi !!!
Il y a 9 mois
8 commentaires:
Top ! cette photo ! (et le texte qui va avec...). Lumière, équilibre, intention, économie...
Simplissime et magistrale.
Vraiment !
C'est la croix et la barrière...
Duga
Habitations à Lumière Modérée
Merci Ptilou, je suis repassé là hier, et, en découvrant cette croix, je n'ai pas pu m'empêcher ...
Cette croix peut même servir de bannière, d'une certaine façon ...
Duga, si tu savais ...
Intrigante, cette photo. (je parle de la croix).
C'est vrai que derrière chaque fenêtre, il y une ou plusieurs vies, je pensais souvent à ça quand je vivais à proximité des grands ensembles et que je voyais toutes les fenêtres éclairées. Ce qui me faisais le plus gamberger c'est quand la nuit, parmi toutes les fenêtres noires, une était allumée. Pourquoi, quelqu'un de malade, un insomniaque, un drame, une fête... Comment savoir, et pourquoi ?
C'est vrai, je ne sais pas précisément. Mais je me doute qu'il y a dû se dérouler un drame dont on perpétue le souvenir, comme ces bouquets disséminés le long des routes.
Et pour un bouquet, combien y en a t'il qui ne sont et ne seront jamais fleuris ?
Duga
Tout un monde caressé par le soleil. Merci Archie.
Je n'en sais pas plus que vous au sujet de cette croix. Mais cela ne me surprend pas quelle ait pu pousser ici ...
Ici, présent, passé et futur se mélangent souvent. Et on est si peu de choses que ... oui, on perpétue. C'est une autre façon d'être encore là.
Ca me fait aussi penser à ces bouquets le long des routes.
Une fois, en sortant du bureau, en plein centre ville, au carrefour, il y avait, fixé à une rambarde, une série de bouquets. Ca m'a fait bizarre, d'imaginer les porteurs de bouquet, venir précisément à cet endroit, à une heure précise, honorer une mémoire, dont on ne connait rien.
Ca rappelle aussi l'humanité des villes, comme quand pour telle ou telle autre réalisation, il est précisé : ça a couté tant de vies (par exemple, le pont Vasco de Gama de Lisbonne, 11 accidents du travail mortel).
On se prend moins pour des Dieux ...
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