[] Archimia

06/02/2010

Petite chronique de l'exode



Elle est droite et rectiligne,
La gouttière qui monte au ciel.
Comme le haricot géant,
Elle te conduit vers le néant.
Tu n'es plus qu'un petit point tout là haut,
Tu n'as plus ni froid ni chaud.
Je ne me souviens plus au juste
Quand a commencé le grand déclin,
Etait-ce après la guerre ? Avant ? Enfin ...
Un jour, ils se sont mis à fuir,
Petit à petit, progressivement,
Ils ont quitté la ville,
Ils l'ont laissé tomber.
Ils disaient qu'ailleurs,
Tout était meilleur :
La couleur de l'eau et le parfum des fleurs,
Du boulot pour tous, et puis de la chaleur ...
Et les autres les ont crus.

Des rues étroites jonchées de pierres,
Ne reste plus que les gouttières,
Là où résonnaient des cris d'enfants
Hurle un silence assourdissant.

C'est fatiguant de devenir vieux :
Je vais reprendre ma voiture
et rentrer chez moi :
Je crois que j'ai un peu froid...

10 commentaires:

Ptilou a dit…

Un peu trop de ciel... ou, un peu plus de matière nuageuse... l'histoire de pinailler ;-)
Belle photo granuleuse à souhait !

Anonyme a dit…

Même pour un radis
La goutte d'hier
Ne montera pas au paradis
Mais descendra au bout
Dans la bouche de dégout
Elle en a révé
Mais elle ne sera jamais
Même pas un instant
La Goutte d'or

Duga
Pleure des gouttes

Fleur d'hiver a dit…

Trop triste, trop cafardeux, non non pas ça, en février, mois détestable s'il en est.

Un peu retapé, ça serait toujours mieux qu'une tente au bord d'un canal.

Yaëlle a dit…

C'est drôle une photo, moi je ne vois que le ciel qui aspire la noirceur et la décrépitude. ( ou bien je veux voir ça...) Très belle photo Archie.

Le petit monde d'Archie a dit…

@Ptilou : Et pourtant j'en avais déjà retiré du ciel ... zut ! pas encore assez :))

@Duga : Belle image très poètique. Comme quoi la poèsie peut pousser même (surtout ?) dans les coins sordides.

@Fleur : Je te comprend, et pourtant je ne voulais pas forcément être triste, juste essayer de comprendre, mais pour finir, bien sûr tu as raison : ça n'est pas vraiment gai ... Bon la prochaine fois, on verra les choses autrement :)

@Yaëlle : Finalement ce ciel vous inspire (ou peut-être vous aspire ?)C'est vrai que c'est la seule lumière de la photo ...
Merci pour tes mots à mon sujet sur Mots d'Elle. Je te l'ai déjà dit : j'ai repris Archimia parce que tu m'en avais donné l'envie, alors, je peux comprendre ce qui t'arrive, je crois ...
En tout cas, tu es ici chez toi, bien sûr ...

Audine a dit…

Pour moi, cette photo respire la vieillesse, l'abandon, la pauvreté.
Mais ça n'empêche pas qu'elle soit belle.
J'aime ces photos qui parle de solitude, même quand je ne suis pas triste.

Le petit monde d'Archie a dit…

Merci Audine. C'est juste un fragment d'histoire. Je cherche surtout à essayer de comprendre l'histoire de ces gens qui ont vécu là, et sont partis ailleurs ...

Dorham a dit…

"C'est fatiguant de devenir vieux :
Je vais reprendre ma voiture
et rentrer chez moi :
Je crois que j'ai un peu froid..."

Très belle cloture... Même si le froid se communique...

Unknown a dit…

Archie n'a pas son pareil pour "faire parler" les images, pour rendre sonore la lumière si j'ose dire, lui donner un sens. A l'extrème, jusqu'à sublimer le sordide. Je dois avouer que la fréquentation de son blog a transformé la vision que j'avais de la photographie. Cela fait 35 ans que j'en fais et je n'avais tendance qu'à photographier que ce que je considérais comme beau, esthétiquement parlant. Très subjectivement d'ailleurs, comme la plupart des photographes amateurs.
En fait, au travers de ces fragments de matière, de ces morcellements de décor, Archie photographie des histoires. Derrière ces fenêtres, il y a, il y a eu des histoires vécues, des drames et des joies comme on dit. Sûrement plus des uns que des autres d'ailleurs. Ces verres brisés ont été criblés de regards. De ceux qui guettent, qui attendent un retour ou surveillent un départ, de ceux qui scrutent un carré de ciel bleu dans la grisaille de leur décor et qui regardent passer les nuages de leurs vies.
Peut être de ceux qui ont eu envie, l'espace d'un instant, de passer au travers pour en finir plus bas.
C'est la charge de ces regards qui ont dû les fragiliser, jusqu'à les briser.

Duga
Vla vitrier qui passe...

Le petit monde d'Archie a dit…

Merci Duga. C'est une très belle présentation d'Archimia que tu fais là, et qui me touche beaucoup. Trop, presque. Disons que ça écaille le vernis de ma modestie, ou peut-être "discrétion" naturelle. Tant pis. Je le prends quand même, peut-être parce que je sens que tu lis (et tu lies) bien mes images, et c'est ce qui compte le plus pour moi.

 

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