[] Archimia

30/09/2009

Spirales

Quand l'agriculteur du coin,
S'amuse avec la nature,
A l'arranger, la décorer, l'habiller...

Lentement, à grands tours de tracteur,
Du paysage, il crée un patchwork,
A admirer de tout en haut,
Et il déroule autour du bosquet,
Un andain qu'il tisse comme un fil,
Araignée minuscule, affairée à jouer son rôle,
Dans cette immensité ...



28/09/2009

Hésitation



Des caprices de la météo,
Aux humeurs de la réflexion,
On se perd toujours un peu.

Entre le dedans et le dehors,
A la fois rêvant de voir la pluie tomber,
Nous, bien au chaud, bien calfeutré,
Ou, tout autant, dans le jardin, de soleil baigné,
Refusant de comprendre pourquoi il faudrait s'abriter.

L'esprit humain est compliqué,
Et passe ainsi pas mal de temps,
A se tourner, se retourner,
A rechercher de quel côté,
Il serait le mieux placé,
Il pourrait le mieux savourer,
Sans tentative de regret,
Le peu de temps qui lui est compté ...

24/09/2009

Funambule

On est souvent comme ce piaf sur l'image,
Seul, dans le brouillard,
Au milieu d'un tumulte,
Qu'on pressent, plus qu'on ne le voit vraiment.
On ignore alors pourquoi on se trouve là,
Alors que tout autour de vous, résonne en fracas,
On se dit alors qu'on a bien de la chance,
Que ce n'est peut-être pas normal,
Ni moral,
Mais que c'est ainsi.
Après tout la vie se fout bien de la morale,
Et la rivière aussi.
Elle noie qui elle décide,
Et laisse flotter les autres.






On se dit aussi que la seconde d'après,
Tout peut basculer,
Et nous avec.
C'est ainsi qu'on vit peut-être,
Toujours à quatre dixièmes de seconde d'une catastrophe,
Qui n'arrive jamais.

Si j'écris ça ce matin,
C'est que je pense à une petite fille de cinq ans,
Qui ne doit pas bien comprendre ce qui lui arrive,
La vie n'est ni moche, ni gaie : elle est, c'est tout.

Et nous la-dedans ?
On passe du rire aux larmes,
En équilibre sur le bonheur,
Comme un p'tit piaf,
Le long d'un arbre ...

22/09/2009

Racines

Un jour, un matin, je me lèverai,
Je marcherai longtemps.
Je traverserai tout droit la terre froide,
Je franchirai les routes, les forêts, les collines,
J'irai jusqu'à la frange colorée qui souligne la plage,
Je franchirai la dune aux mille fleurs,
J'écraserai les raisins de mer écarlates, les panicauts violets,
Les immortelles à douce odeur de safran,
Lentement, je descendrai vers la mer,
Je retournerai voir comment finit la terre,
Là, je sortirai de ma poche,
Ce petit flacon plein de cette terre sableuse,
Qu'on trouve dans le jardin, près de la maison,
Tu sais, ce petit flacon que j'avais conservé,
Je le répandrai dans l'eau salée.




Un peu de chez moi, un peu de moi,
Dans l'immensité liquide.

Sans doute penseras-tu que j'aurais voulu naître là,
Mais on ne choisit pas sa forêt,
C'est peut-être elle qui vous choisit ...
Et puis, tu sais, je suis si bien chez moi ...

Je ne sais pas au juste pourquoi,
J'aurai besoin de faire ça,
Je sais seulement qu'après, j'éprouverai,
Dans tout le corps,
Un immense sentiment de sérenité,
l'impression de relier deux morceaux de moi :
Un seul jardin pour une seule terre,
Avec mon corps,
Dessus.

21/09/2009

Dans la rue

Je vous l'avais promis :
Charleville fait son festival,
La ville en fête, la rue en folie,
Sourires et grimaces derrière les vitrines,
Rires et chuchotements derrière les rideaux,
La marionnette, c'est toi, c'est moi, n'importe quoi,
Une pelleteuse, même, pourquoi pas ?
Rien n'arrête les limites de la poèsie et de l'imagination,
Réunies ...
Vite : il reste encore six jours !



18/09/2009

Clin d'oeil

En attendant de découvrir les photos du festival, je vous propose un petit retour sur le passé ...

Souvenez-vous, c'était en mars dernier, je vous parlais de mes projets de décorations du jardin ...Le printemps a passé, puis l'été ... eh bien qu'en a-t-il été au juste ?


Juste deux petits clichés de rien du tout pour vous montrer mon "piégeafleur" en osier vivant.



 
C'est bon, je crois que l'automne peut venir, maintenant.
Allez. Je file bosser...

16/09/2009

Forceps ?

Tagadaaaaaa... C'est la dernière lubie d'Archie ?
Naaaaaaan.
Tous les trois ans, ça lui reprend,
Il emmène en train, loin devant,
Cent quatre vingt gamines, gamins,
(et vingt adultes)
Au spectacle de la grande ville,
La ville d'Arthur, aux semelles de vent,
Qui deviendra une semaine durant,
Le théâtre de l'imaginaire des cinq continents.

Oui, demain, tout le monde s'en va, c'est chouette,
Au
Festival mondial des théâtres de marionnettes,
Découvrir les rues en fête,
Et un spectacle en salle, rien que pour eux ou presque.



Et il en faut, tu sais, de l'énergie,
Pour convaincre les parents d'accepter,
Qu'ils nous confient leurs 'tiots une journée ...

Il faut vérifier :
Qu'ils sont autorisés,
Qu'ils sont assurés,
Qu'ils ont bien rendus leur fiche santé,
Que le pique-nique ne sera ni trop lourd, ni trop léger,
Qu'ils seront bien chaussés pour marcher,
Qu'à la gare, le soir, on viendra les chercher,
Qu'ils ont bien donné les trois euros demandés,

Tu penses que c'est un peu la Culture par les forceps ?

Peut-être, mais on a pas le choix,
Ceux pour qui on fait ça,
Ne sortent jamais de leur quartier.
Disons plutôt qu'on y croit,
Sinon on ne bosserait pas là ...

15/09/2009

Crise ? Quelle crise ?

Avec la rentrée, c'est le grand retour du quotidien. Je retrouve mes mères d'élèves.

Celle-ci m'apporte hier un chèque de 8 € -la coopérative de son fils- en me demandant de ne pas l'encaisser avant début octobre. Celle-là regrette de ne pas pouvoir donner plus de 5 € d'argent de poche à chacun de ses 2 ados de gamins pour aller sur la foire ; et ce qui l'embête le plus, c'est qu'elle ne sait pas comment leur dire qu'elle ne peut pas plus, elle n'y arrive pas. Ils ne comprennent pas ... Evidemment, dehors, dans les magasins, à la télé, il y a tellement de choses qui tentent ...


Une autre encore me confie que ses filles ne viendront pas pendant une semaine, parce qu'elle part aux vendanges, vu que c'est trop dur financièrement en ce moment, et qu'elle les emmène avec elle parce qu'elle n'a aucune famille sur place ...

Ne jugez pas surtout. Ce ne sont pas de "mauvaises" mères. Bien au contraire. Mais bon : la réalité est là.

 


Y'a pas à dire, si j'en crois les mères des élèves de mon école, eh bien non, la crise n'est pas finie, ni même passée ...

... sauf pour les traders peut-être ...



14/09/2009

'tite chanson du ménage




C'est le grand ménage du lundi,
C'est celui qui ratiboise,
C'est celui qui rajeunit.
Entre coups de lavette sournoise,
Ou grand torchon qui étourdit,
C'est la lessive qui pavoise,
Et chasse peu à peu les ennuis,
Quand le soleil, ombre chinoise,
Remet des couleurs à la vie.
C'est le grand ménage du lundi,
C'est la gaieté qu'on apprivoise,
C'est deux regards qui s'entrecroisent,
Le début d'un amour joli...

11/09/2009

Mikado

Fragiles,
Nos existences sont fragiles,
En équilibre.
Un peu comme ce tas de bois,
Elles sont parfois jetées à la hâte,
Prêtes à crouler, à s'effondrer,
Au gré des intempéries de la vie,
Au bord des précipices de l'oubli.



Pourtant, dans équilibre, il y a LIBRE aussi.
Libre de tenir, aussi longtemps qu'on veut,
De résister avec insolence, contre toute attente,
Libre de repartir à zéro,
De vouloir tout reconstruire,
Libre d'imaginer le meilleur ou le pire,
Libre de constater qu'on est heureux finalement.

Libre de se casser la figure aussi, parfois.
On ne peut pas tout avoir ...

10/09/2009

Fracas

Aujourd'hui je voudrais vous parler d'un sourire.
Un sourire de neuf ans et demi,
Celui d'une gamine de CM1,
Un sourire inimitable, permanent, contagieux.
Pas un sourire discret et effacé, non,
Juste un sourire plein de confiance et d'attente,
Presqu'un sourire insolent.



Si je vous parle de ce sourire,
C'est qu'il s'est fracassé l'autre soir,
D'un coup, d'un seul,
En apprenant que son papa venait de se tuer dans un accident.
Oh je sais, ce sont des choses qui arrivent tous les jours.
Et je reste là, debout, à mon bureau,
En face d'elle, muet ou presque,
Comme un con, incapable de lui dire,
De lui expliquer,
Que la vie, parfois, ne fait pas de cadeaux ...

J'ai froid.

07/09/2009

Fin d'été


Voici venu la fin des épilobes,
L'époque où elles se mêlent de tout,
Et entremêlent
Leurs cheveux bouclés,
Blonds ou bien blancs,
Duvets de vieux,
Ou bien d'enfants.

L'été touche à sa fin,
Et je reste perplexe devant ce coton volant,
Aussi léger qu'une fleur de vie,
Et qui, comme elle, dérivera au gré des vents,
Bons ou mauvais, suivant le temps.

Courtes, si courtes éternités,
Qui dans l'espace de quelques journées,
Du restant de l'espèce pourront décider.

 
Et j'aimerais être une araignée,
Pouvoir le long des tiges, m'agripper,
Et les volutes traverser,
Comme en apesanteur, grisée,
Juste encore un peu en profiter,
Avant de me faire écraser,
Par un promeneur égaré ...

06/09/2009

Rouge

Rouge.
Planète rouge,
Rouge gorge,
Rouge queue,
Tirer sur le rouge,
Rouge de colère,
Lanterne rouge,
Rouge (gros) qui tache,
Coup de rouge,
Etre dans le rouge,
Chauffer à rouge,
Peau-Rouge,
Carton rouge.


STOP !

Passe au Rouge,
Rouge de honte,
Rouge à lèvres .


Il est grand temps, je crois, de sortir du rouge ...

04/09/2009

Retour

C'est drôle la vie.
Il y a des moments plus importants les uns que les autres. Un peu comme là. Fin juin, Il y a une rupture. J'arrête, je n'en peux plus, je veux du silence. Absolu.

Et voila qu'Archimia se tait, docile.
Pendant une semaine, un mois, deux mois ... le temps qu'il faudra.

 

Et ce silence : merveilleux et terrifiant.
Et moi, qui le contemple, pieds nus dans mon hamac, face à la mer.

Je dis face à la mer parce que c'est ce que tu vois sur la photo. Je peux dire aussi face à la forêt, la montagne, la foule même, si tu préfères. Dans ces moments là le cadre extérieur n'est qu'un décor qu'on plante. C'est dedans que ça se passe.

C'est dedans que ça se passe et le temps passe.
Le temps passe et c'est bien.
C'est bien comme ça.
Il s'en fout, le temps, il passe.

Il passe avec ses joies et ses malheurs.
Un matin, il y a des feuilles mortes par terre ...

 




Des tas de feuilles mortes.
Et on est au milieu.

"Déjà ?" se demande-t-on, avec la même petite voix que celle de la chèvre de Monsieur Seguin quand le soleil se couche dans l'histoire ...

Alors on comprend qu'il est temps.
Oui il est temps de se remettre debout, de quitter son hamac, de laisser cette mer tranquille et plate, de continuer ce bout de chemin qu'est la vie, aussi incertain soit-il.

On sent le vent léger et on entend les feuilles mortes rouler sur le sol sec. C'est marrant, on dirait des feuilles de papier froissé, chiffonné, un peu comme celles que l'on balance par terre avec rage les jours où on veut écrire et que l'inspiration ne vient pas.

Alors on fouille, on retrouve la clé d'Archimia qu'on avait balancé sous le lit. En hésitant un peu, on l'introduit, on démarre le machin et ... curieusement, le moteur repart ... hoquette un peu au début, c'est sûr, mais repart.

Reste à enfiler mon casque et mes lunettes "façon 1920", puis je saute dans le cockpit, accèlère doucement et lentement, puis de plus en plus vite, dans un vacarme effroyable et une fumée qui ferait pâlir d'envie des partisans de la taxe carbone ...

Ça y est : Archimia décolle, et retourne vers cette planète où on me demandera peut-être encore de dessiner un mouton, qui sait ?

C'est reparti.
 

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