[] Archimia

21/05/2009

La théorie de l'envie de Bruxelles

Voila, je suis comme tant d'autres, devant ma télé, ma radio : il me vient des envies, des envies de Bruxelles, des envies de tout lâcher, de quitter ce monde stupide et violent où il ne fait bon être ni jeune, ni vieux.

Elle vous prend là, l'envie. Juste au niveau de la gorge. Vous repensez à tout ce que vous avez pu avoir comme idées : idées politiques, idées morales, philosophiques, que sais-je.
Tout ça n'est rien. Rasées.

Ainsi donc, nous aurons besoin de brigades de police spécialisées dans nos écoles, afin d'empêcher les élèves (nos enfants, quoi) d'apporter des armes, et de s'en servir auprès de leurs enseignants.

Voici donc la seule chose que ce monde d'adultes a su proposer (ou comme d'habitude imposer) à ses jeunes, à défaut de leur trouver quelque espoir d'un jour imaginer la couleur du monde du travail.

Oh ! Je parle ici d'école parce que c'est la dernière en date, mais je pourrais aussi bien parler de santé, de justice ou de gériatrie.


Oui elle vous saisit par le col, l'envie, puisque vous n'avez plus rien d'autre à imaginer pour tenter de leur faire aimer ce monde. Et, en attendant la création d'un ministère du bonheur obligatoire, vous cherchez à quel moment de l'histoire tout cela a bien pu déraper.


Vous cherchez, mais vous ne trouvez pas. Il ne s'agit pas d'un problème politique, ce mot a depuis si longtemps perdu son sens que le prononcer aujourd'hui suffirait à faire sourire même Buster Keaton dans sa tombe.

Vous repensez à vos idées, vos combats, vos débats d'étudiants le soir à la chandelle autour d'un verre, où vous refaisiez le monde pendant la nuit, et la nuit pendant les cours.



C'est là qu'elle sourit parce qu'elle sait qu'elle a gagné, l'envie. Vous voulez ne plus rien entendre, ni pub, ni info, ni variétés avec Flavie Flament ou n'importe quoi d'autre. Vous voulez être ... loin.


C'est ça la théorie de l'envie de Bruxelles.
De Bruxelles ou n'importe où ailleurs, d'ailleurs.
Pourvu qu'on s'y oublie, qu'on nous oublie, et que soi-même, on oublie tout,
Heureux, hagard, mais béat sur la grand'place de nos espoirs ruinés, à contempler le ciel, en jouant à faire des clins d'oeil au grand soleil du Nord.


7 commentaires:

Fleur d'hiver a dit…

En juin, s'ouvrira à Bruxelles (justement) un musée Magritte rassemblant deux cents oeuvres jusque là dispersées.

Voilà une bonne idée (si tu aimes) permettant de se vider un peu la tête.

Il est plein de choses lourdes et pénibles ton message, que te dire, sinon que je partage ta révolte qui s'accompagne chez moi d'une espèce de lassitude due à tant et tant de choses idiotes, pénibles, injustes, qu'il nous faut supporter.

Bruxelles, Florence, heureusement qu'il a aussi de belles choses à voir et que nous savons les apprécier.

Catherine a dit…

J'ai bien peur que ce soit partout pareil ou que ça le deviendra dans un proche avenir. Souvent je me dis que je suis bien heureuse d'être vieille, je ne verrai pas l'effondrement de notre civilisation.

Dorham a dit…

"Il ne s'agit pas d'un problème politique, ce mot a depuis si longtemps perdu son sens que le prononcer aujourd'hui suffirait à faire sourire même Buster Keaton dans sa tombe.

Vous repensez à vos idées, vos combats, vos débats d'étudiants le soir à la chandelle autour d'un verre, où vous refaisiez le monde pendant la nuit, et la nuit pendant les cours".

Je ressens exactement ça. Tu l'as écrit avec une économie que je t'envie.

la Mère Castor a dit…

chapeau Archie, tu mets des mots là où il faut. Et je regarde le soleil entre les branches, il n'y a pas mieux, quand on peut se le permettre.

Simon Gaetan a dit…

Je connaissais la tentation de Venise
et voici l'envie de Bruxelles. bon.
Courage rêvons.

Le petit monde d'Archie a dit…

Je relis vos commentaires et me répète que je ne suis donc pas le seul à penser comme ça.

C'est en même temps réconfortant et désolant.
Réconfortant d'imaginer que tout cela n'est peut-être pas une fatatlité, qu'il y a sans doute d'autres voies à suivre, ou , du moins, à explorer. Et désolant de voir que, même si des tas de gens pensent un peu comme soi, ça n'empêche pas le bateau de poursuivre sa dérive sans que personne ne parvienne à redresser la barre.

Bon, comme l'écrit H.S (j'avais bien sûr pensé à la "tentation de Venise", mais Bruxelles, c'est plus près de chez moi:)) : Courage. Rêvons.

C'est déjà ça.

Anonyme a dit…

Je ne lis que des envies dans ton texte, que des révoltes, que des luttes...malgré la lassitude et l'impression de faire du sur-place,
tes mots résonnent comme un appel à réagir au contraire.
Et si cette pause à se perdre dans les nuages en clignant de l'oeil au soleil est nécessaire ( sans doute un peu teintée d'impuissance aussi), je sais que demain, toi, moi, nous tous, à notre petite échelle, nous serons dans l'agir. Parce que nous ne sommes pas encore indifférents.
Merci Archie!

 

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